vendredi 26 octobre 2007

Les coupes touchent les immigrants eux-mêmes

Le Devoir 25 octobre 2007
Lévesque, Kathleen

Les compressions de personnel au sein du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) touchent notamment des «groupes cibles», c'est-à-dire des immigrants.
Selon des membres du Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec (SGPQ), plusieurs des postes qui ont été abolis il y a quelques semaines au sein du MICC étaient occupés jusque-là par des personnes issues de l'immigration. Ces dernières font partie des groupes cibles, tout comme les anglophones, les autochtones et les handicapés. Dans l'ensemble de la fonction publique québécoise, les immigrants (de langue maternelle autre que le français et de race autre que blanche) ne représentaient en 2005-06 (les derniers chiffres disponibles) que 3,5 % des employés.
Comme le révélait en début de semaine Le Devoir, l'équipe de fonctionnaires du MICC a été réduite de 11 %, soit 114 postes sur 1042. Au surplus, un effort a été réclamé des employés permanents pour qu'ils réduisent leur semaine de travail de 35 à 28 heures.
Le cabinet de la ministre responsable du dossier, Yolande James, confirme que cette demande concerne 27 employés. On maintient toujours que ces compressions n'ont aucun impact direct sur les services à la clientèle immigrante.
Le SGPQ s'inquiète toutefois de la situation, alors que le gouvernement a décidé d'accueillir 10 000 immigrants de plus par année à compter de 2008. «Il s'agit là d'une attitude tout à fait hypocrite de la part d'un gouvernement qui affirme que les immigrants représentent une richesse pour la population. Il est évident que l'état actuel des ressources ne permettra pas de réaliser les objectifs souhaités en matière d'accueil et d'intégration», a affirmé hier le président du SGPQ, Gilles Dussault.
Selon ce dernier, le MICC est incapable depuis deux ans d'atteindre les niveaux d'immigration établis compte tenu du manque d'effectifs, notamment dans les services de sélection à l'étranger.
Les professionnels ont participé hier à un comité paritaire pour obtenir des éclaircissements de la part de la direction du ministère. «A la suite de cette rencontre, d'autres personnes auraient été prévenues de compressions à venir et non annoncées», a indiqué le SGPQ.
Du côté de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), on voit dans les coupes ministérielles la poursuite des premiers coups de hache donnés dès 2004 dans le dossier de l'immigration. Depuis, le MICC n'a plus de ressources en recherche et peine à établir un outil devant servir à la reddition de comptes des organismes subventionnés par le ministère.
«Ils ont saigné à blanc la machine. Avant, il y avait trois fonctionnaires pour un dossier et maintenant, c'est un fonctionnaire pour trois dossiers> », a soutenu Stephan Reichhold, porte-parole de la TCRI.
Pour M. Reichhold, la décision du MICC, imposée par le Conseil du trésor, est «pathétique». «Il y a un impact indirect sur les immigrants. N'importe quel gestionnaire éclairé peut confirmer que, si les opérations ne sont pas planifiées, évaluées et validées, un moment donné elles ne sont plus efficaces. Il y aura toujours quelqu'un au guichet, mais les dossiers seront-ils mis à jour par les informaticiens? On ne peut pas couper plus de 10 % des effectifs et dire que ça ne change rien!», fait valoir M. Reichhold.

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