jeudi 11 octobre 2007

Naitre ailleurs, apprendre ici
Un enjeu économique et social à l'ordre du jour des décideurs

Nicolas DEDEK

La Fondation pour l’alphabétisation organisait, le 28 mars dernier dans la région de Montréal, une journée de réflexion portant sur l’intégration des personnes immigrantes par la formation. Lors de cette journée animée par le communicateur Philippe Fehmiu, la Fondation a présenté les résultats d’une recherche effectuée auprès d’adultes désirant entreprendre une démarche de formation et qui, pour leur venir en aide, ont fait appel aux lignes téléphoniques de référence Info-Alpha et Info Apprendre.

La population immigrante représente près de 40 % des utilisateurs de ces lignes. La Fondation a voulu creuser plus en profondeur la question de leur intégration par la formation avec les intervenants de divers milieux. « Dans le contexte actuel de pénurie de la main-d’œuvre, ce sujet s’avère d’autant plus pertinent qu’il touche la réalité économique et sociale du Québec de demain, un enjeu auquel les décideurs doivent faire face rapidement », a déclaré d’entrée de jeu la présidente-directrice générale de la Fondation pour l’alphabétisation, Maryse Perreault. Les quelque 100 intervenants présents ont pu participer à l’un des trois ateliers proposés, soit la non-reconnaissance des diplômes, la réalité particulière des femmes immigrantes et les enjeux entourant l’intégration des membres peu scolarisés des communautés ethniques.

Parmi les problématiques abordées, mentionnons le fait que les personnes peu scolarisées partent de beaucoup plus loin dans leur cheminement; la méconnaissance non seulement du français, mais aussi du code écrit, même dans leur langue d’origine, se révèle être un obstacle important à leur intégration. Ces personnes, souvent isolées, ont perdu leurs repères ainsi que le réseau d’entraide sociale qu’elles avaient dans leur pays d’origine. Cela est particulièrement vrai pour les femmes peu scolarisées qui, la plupart du temps, sont confinées à la maison et ne peuvent participer à la vie citoyenne dû à une méconnaissance du français et, dans bien des cas, étant analphabètes.

Il a été question aussi des difficultés pour ces personnes d’avoir accès aux programmes de francisation lorsqu’elles sont au Canada depuis plus de cinq ans. Cette situation est rencontrée principalement par les femmes qui, après avoir passé quelques années à la maison, doivent acquérir des connaissances du français lorsque leurs enfants entrent à l’école ou lorsqu’elles doivent joindre le marché du travail.

De plus, plusieurs intervenants ont mentionné les problèmes vécus par les jeunes de deuxième génération, notamment les garçons nés au Québec de parents immigrants. Ils connaissent des difficultés importantes d’intégration dans certaines communautés, même s’ils sont nés ici et parlent français. Le décrochage scolaire en est la conséquence. Des programmes de prévention et d’accompagnement devraient, selon les participants, être mis en place afin de prévenir la sous- scolarisation.

ÉBAUCHE DE SOLUTIONS
Parmi les solutions présentées lors des discussions, un meilleur accompagnement des personnes immigrantes peu scolarisées, en procédant notamment par jumelage, devrait être considéré, leurs besoins d’encadrement étant plus importants. L’enjeu de la communication est également ressorti clairement pour les intervenants dans la mise en place de solutions concrètes. Des partenariats plus étroits favorisant l’échange d’information auraient donc avantage à être créés. Par exemple, de nombreux programmes élaborés entre autres par Emploi-Québec et le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles gagneraient à être mieux connus ainsi que des projets d’organismes communautaires ayant fait leurs preuves. Ceux-ci pourraient inspirer les intervenants de tous les milieux.

Cette journée de réflexion s’est révélée un grand succès, ayant permis de réunir de nombreux intervenants motivés par un même objectif : améliorer les services offerts aux immigrants afin de leur permettre de participer pleinement à la société québécoise.

Cet article est paru dans l'édition Été 2007 du Jumelé

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