jeudi 11 octobre 2007

Régionalisation
Trois organismes, un objectif


A.K.

PROMIS, Carrefour BLE et le Collectif des femmes immigrantes du Québec, trois organismes associés à la régionalisation des immigrants. Trois organismes qui évoquent une persévérance quotidienne et des défis permanents à relever.

L’un des grands défis de l’immigration aujourd’hui est de parvenir à faire bénéficier les régions du Québec des flux migratoires que connaît la métropole. Plus de 80 % des nouveaux arrivants s’installent en effet à Montréal qui, par son dynamisme économique et ses atours de grande ville cosmopolite, exerce un attrait certain sur les Néo-Québécois.

Le choix de Montréal comme destination première s’impose quasiment de fait chez les immigrants, car c’est dans cette ville qu’ils disposent souvent d’un point de chute et qu’ils espèrent retrouver un premier réseau d’amis et de proches, souvent utile dans le processus migratoire. Rares en effet sont ceux qui atterrissent au Saguenay, en Abitibi ou en Beauce.

Pourtant, les régions, confrontées à l’effet conjugué de l’exode des jeunes et du vieillissement de la population, se vident. Afin de tenter d’inverser cette tendance, des organismes basés à Montréal développent des programmes financés par le gouvernement afin d’inciter les immigrants à s’installer en région.

Parmi eux, PROMIS qui est sans doute le plus dédié à la cause de la régionalisation. Cet organisme organise entre autres des sorties en région, à l’occasion de foires d’emploi et de divers événements, afin de faire connaître aux nouveaux arrivants la réalité régionale et les opportunités d’emploi offertes en dehors de Montréal. Grâce aux contacts qu’il a noués et à l’expertise acquise au fil des ans, PROMIS fournit de précieuses informations à ses participants en recherche d’emploi en région. De plus, cet organisme aide les nouveaux arrivants désirant s’établir en région, en leur remboursant la moitié des frais de déménagement. Ceci, en plus de l’assistance fournie au préalable pour la recherche de logement, de garderie et d’école pour les familles.

Enfin, PROMIS offre depuis peu un nouveau service au profit des immigrants qui choisissent de s’établir directement en région. L’organisme les accueille à l’aéroport pour les accompagner, tous frais payés, à leurs lieux d’installation où ils sont accueillis par des partenaires locaux.

Autre organisme, autre décor. Carrefour BLE (Bio Local Emploi) brille par son dynamisme et la particularité de sa mission, du reste unique au Québec. La petite équipe de la rue Saint-Denis dispense une formation de mise à niveau à des personnes immigrantes spécialisées en agronomie, en agroalimentaire et en environnement. Il va sans dire que la spécialité des immigrants qui fréquentent cet organisme évoque spontanément le paysage champêtre. Pendant trois mois, les participants sélectionnés sur la base, entre autres, de leur motivation à s’installer en région, suivent des cours théoriques afin de connaître les spécificités et les normes québécoises et canadiennes dans leur domaine d’activité. Ces cours sont ponctués de sorties dans des entreprises agricoles ou agroalimentaires en région. L’objectif est double : permettre aux étudiants d’avoir une idée du travail sur le terrain et les mettre en contact de la réalité régionale.

Après la partie théorique, les participants de Carrefour BLE sont placés en stage pratique de deux mois dans des entreprises en lien avec leur spécialité. L’organisme s’évertue à dénicher des stages en région, notamment pour ceux spécialisés en production animale et végétale. Ce n’est pas tout. Après le stage, les étudiants ont droit à un suivi régulier de la conseillère en emploi pour la recherche d’emploi, avec de surcroît une mesure incitative qui consiste à rembourser les frais de transport pour les personnes ayant effectué les entrevues d’embauche en région.

Le Collectif des femmes immigrantes du Québec, également ouvert aux hommes, dispose lui aussi d’un programme de régionalisation. Celui-ci consiste notamment à aider les immigrants à décrocher un emploi en région, et ce, en leur assurant un encadrement par conseiller en emploi, en leur fournissant des offres d’emploi et en les mettant en contact avec des organismes d’accueil basés en région.

En dépit de leurs efforts et de leur imagination, ces organismes éprouvent certaines difficultés en matière de régionalisation, dont notamment le tarissement du financement gouvernemental qui les freine dans leur élan. Il faut ajouter à cela la réticence de bon nombre de nouveaux arrivants à quitter le grand centre urbain, de peur d’un isolement en région, qui est d’ailleurs souvent associée au grand Nord. Les turbulences périodiques que connaît l’économie régionale, comme c’est le cas présentement pour les secteurs forestier et manufacturier, n’encouragent pas non plus les immigrants à s’installer en région. Force est de constater enfin que le récent débat biaisé sur les accommodements raisonnables, en ce qu’il a contribué à accentuer les préjugés de toutes sortes, ajoute à la réticence de s’établir en région.

Pour en savoir plus:
Carrefour BLE
PROMIS
Cet articles est paru dans l'édition Été 2007 du Jumelé

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