dimanche 20 janvier 2008

À l’Assomption pure laine
Sous l’arbre à palabres


FRANS VAN DUN

Au printemps de cette année, il est arrivé un événement surprenant au centre-ville de L’Assomption, notre bourgade conviviale entourée de la rivière qui porte le même nom. Cette presqu’île se situe sur la Rive Nord, près de la 40, juste à l’extérieur de la grande banlieue de Montréal où beaucoup de nos concitoyens partent tous les matins avec leur boîte à lunch tandis que des Montréalais font la route inverse. Toutefois, aux yeux des immigrés, installés à Montréal, quitter l’île et traverser la Rivière-des-Prairies, c’est se perdre au bout du monde. Pourquoi préfèrent-ils rester coincés dans la métropole alors que nous aimerions les accueillir à bras ouverts ? Savent-ils seulement que plusieurs firmes ici affichent : « Nous embauchons »?

Donc, au printemps 07, une boutique exotique fait irruption sur le boulevard de L’Ange-Gardien, près des Bars du Portage. Il y avait là un magasin à chaussures dont le propriétaire, Michel, a pris sa retraite, laissant un local tristement désert, avec son affiche « À louer ».

Puis, un beau jour, sans préavis, la vitrine a complètement changé de look. Un étalagiste de métier a dû passer par là… Voyant ça, tu t’arrêtes, irrésistiblement, car les articles exposés chatouillent ton regard et taquinent ta curiosité. Tu te frottes les yeux : « Est-ce que je suis bien à l’Assomption pure laine et non pas sur la rue St-Denis à Montréal ? » Voilà des étoffes aux couleurs chatoyantes, des batiks, un djembé, une lance, des masques qui te dévisagent et des bijoux étincelants.

Un peu gêné, tu pousses la porte de cette boutique appelée Sous l’arbre à palabres. Une vraie caverne d’Ali Baba ! Voilà le maître des lieux qui t’accueille : un Africain originaire du Cameroun, un vrai, noir foncé, beau, calme, souriant. Tiens, tu te sens attendu.

Tu commences par promener ton regard partout, tu risques une petite question et voilà que monsieur Léopold te répond avec un plaisir évident et une abondance de détails. Mais aucunement question de vente sous pression.

Tu m’en as parlé et j’y suis allé à mon tour. Entretemps, ma femme a commencé à suivre des cours de tam-tam chez lui. Grâce à ce contact, j’ai accès à l’arrière-boutique, lieu à palabres. En bon journaliste, je tâte le terrain. Pas besoin d’insister. Léopold jase d’abondance… Cet homme s’approche de la quarantaine et sa vie est déjà un long fleuve à rapides turbulents. Il conte comme il respire, et je sors de chez lui ébahi, après un plongeon dans un autre univers.

Un jour proche, nous allons reprendre le fil de notre première palabre pour nous engager sur une seule piste à la fois. En attendant, il me reste une impression globale. Ainsi, j’ai appris que Léopold n’est pas le patron de cette boutique, c’est plutôt la FCDDA (la Fondation canadienne pour le développement durable de l’Afrique) dont il est la tête et le cœur. Cet organisme équitable rassemble des immigrants africains de la diaspora, bien intégrés au Québec, qui s’impliquent dans le développement de leur pays d’origine entre autres par la création de coopératives dans des villages. On y fabrique des produits d’artisanat expédiés ici et vendus à juste prix.

De plus, la FCDDA a commencé par tisser toutes sortes de liens avec des Africains là-bas à travers des échanges, stages d’étudiants, voyages, etc.

Attends notre prochaine palabre sous l’arbre, mais si tu veux en savoir plus tout de suite, saute sur le site web www.fcdda.org ou viens faire un tour à L’Assomption, au 337, boul. de l’Ange-Gardien. Par précaution, appelle à l’avance au (450) 589-0789. Tu verras, le goût de l’Afrique et le son du tam-tam ne te lâcheront plus !

Cet article est paru dans l'édition Automne 2007 du Jumelé.