vendredi 28 septembre 2007

Indignation face aux accusations portées contre une travailleuse humanitaire





Le Conseil canadien pour les réfugiés a exprimé aujourd’hui son indignation face aux accusations d’introduction clandestine de migrants portées par le gouvernement canadien envers une travailleuse humanitaire américaine qui a accompagné 12 Haïtiens à la frontière canadienne pour faire une demande d’asile à la frontière.

« C’est un jour sombre pour le Canada: nous criminalisons maintenant l’acte d’aider les réfugiés » a déclaré Amy Casipullai, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés. « En portant des accusations contre une personne qui agit selon des motifs purement humanitaires, le gouvernement intimide tous ceux et celles qui aident les réfugiés à chercher la protection offerte par les lois canadiennes. »

Janet Hinshaw-Thomas, représentante de PRIME - Ecumenical Commitment to Refugees, a été arrêtée hier au poste frontalière de Lacolle. Elle a passé la nuit au centre de détention de Laval et a ensuite été emmenée en cour à St-Jean sur Richelieu, où elle sera accusée en vertu de l’article 117 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, qui stipule que « Commet une infraction quiconque sciemment organise l’entrée au Canada d’une ou plusieurs personnes non munies des documents — passeport, visa ou autre — requis par la présente loi ou incite, aide ou encourage une telle personne à entrer au Canada. »

« Cette arrestation remet en question non pas l’intégrité de la représentante d’un organisme religieux, mais plutôt la crédibilité du système d’immigration » a déclaré Mary Jo Leddy, auteure, militante des droits des réfugiés, membre de l’Ordre du Canada. « Si elle peut être arrêtée, alors y a-t-il une seule personne qui travaille avec un organisme religieux au service des réfugiés qui est en sécurité? »

Durant le débat au parlement sur le projet de loi qui devint la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, des préoccupations avaient été soulevées à l’effet que les dispositions sur l’introduction clandestine de migrants pourraient être utilisées contre des individus agissant pour des motifs humanitaires dans le but d’aider des réfugiés. Elinor Caplan, la ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration de l’époque, avait rassuré le comité parlementaire qui étudiait le projet de loi: « Quand on peut prouver qu’une personne a aidé ainsi un clandestin pour des raisons humanitaires, par exemple pour aider des gens à fuir la persécution, le ministre de la Justice n’intente pas de poursuites. Ce sont souvent des groupes et organismes religieux qui aident ces gens-là. » (Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, 25 octobre 2001)

Les accusations portées en vertu de l’article 117 nécessitent le consentement du procureur général du Canada. Au cours du débat, les fonctionnaires avaient donné l’assurance aux députés que l’exigence du consentement est une garantie suffisante contre la poursuite en justice d’une personne qui aide les réfugiés pour des motifs humanitaires. [1]

Le Conseil canadien pour les réfugiés note que, malgré ses recommandations pressantes et répétées, le gouvernement canadien a peu fait pour sévir contre les passeurs qui exploitent des demandeurs d’asile en leur faisant payer des sommes d’argent faramineuses. Il est par conséquent d’autant plus choquant que le gouvernement décide de poursuivre une travailleuse humanitaire qui agissait par compassion.

Contacts :
Janet Dench, Directrice du CCR, (514) 277-7223, poste 1
Colleen French, coordinatrice de la communication, (514) 277-7223, poste 1
Mary Jo Leddy, (416) 763-1303

1. Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, 17 mai 2001.


Le Conseil canadien pour les réfugiés est un organisme de regroupement sans but lucratif qui se voue à la défense des droits et à la protection des réfugiés au Canada et dans le monde, et à l'établissement des réfugiés et des immigrants au Canada. Ses 170 membres sont des organismes impliqués dans la protection et le parrainage des réfugiés et dans l’établissement des nouveaux arrivants. Le CCR est au service de ses membres pour leurs besoins en matière d'échange d'informations et d'expériences et de défense des droits.

6839 Drolet #302, Montr éal, QC, Canada H2S 2T1 TEL.: (514) 277-7223 FAX : (514) 277-1447
Courriel: ccr@web.ca
Site Web: www.ccrweb.ca

mercredi 26 septembre 2007

L'immigration choisie au Canada

Voici un reportage diffusé sur la chaîne de télévision France2, dans le cadre de l'émission La Planète.
Langue: français
Durée: 25:35 minutes
Date de diffusion: printemps 2006

"Le Canada, par ses dimensions hors du commun et son histoire, fait rêver. Il représente la sphère de tous les possibles pour une majorité d'immigrants, un espoir de lendemains qui chantent. Dans ce pays où 240 000 nouveaux émigrants du monde entier arrivent chaque année, le multiculturalisme et le bilinguisme imposé sont érigés en principes sociaux et politiques.
Le Canada a-t-il trouvé la bonne recette pour l’accueil des immigrés ou la réalité est-elle moins rose ? L’accueil et la tolérance représentent-ils une menace pour l’identité canadienne ?
Ce reportage tente de nous l'expliquer."




Reportage télévisé
Immigrer au Canada

Voici un reportage diffusé sur le réseau allemand de la chaîne de télévision culturelle ARTE.
Langue: traduction narrative en français.
Durée: 15:47 minutes
Date de diffusion: mars 2006



Le chômage des immigrés


Le samedi 22 sept 2007

Lysiane Gagnon
La Presse

Selon Statistique Canada, c'est au Québec que les immigrés ont le plus de difficulté à percer le marché du travail, quelque soit le nombre d'années qu'ils ont passé ici. À quoi est-ce dû? À la langue? À la société d'accueil? À la structure du marché du travail? Au pays d'origine des immigrants? Pourquoi un tel fossé entre le Québec et le reste du Canada?

Le taux de chômage des immigrés, au Québec, était de 9,2% l'an dernier, alors que l'ensemble des chômeurs représentait 6,3% de la population. Pire, le chômage touche plus durement qu'ailleurs les immigrés installés au Québec depuis plus de cinq ans. Normalement, ceux-là devraient s'être intégrés au marché du travail au même rythme que les immigrés du reste du Canada.

Au Québec, le taux de chômage des immigrés qui sont ici depuis moins de cinq ans est de 17,8% (moyenne pancanadienne, 11,5%). Les immigrants installés depuis cinq ou 10 ans chôment dans une proportion de 13,4% (pour cette dernière catégorie, le taux de chômage est de 7% en Ontario et de 5,1% en Colombie-Britannique, la moyenne pancanadienne étant de 7,3%).

Le fossé qui nous sépare de l'Alberta et du Manitoba est encore plus grand. L'Alberta a une économie très forte; quant au Manitoba, il s'est donné un programme spécial qui prévoit des emplois pour les immigrants qualifiés avant même leur arrivée au pays.

Il n'y a pas de doute que le Québec paie le prix de sa volonté légitime de vivre en français. Une bonne partie des immigrants qu'accueille chaque année le Canada provient de pays anglophones ou de pays où la langue seconde est l'anglais (ce qui est le cas de la plupart des pays d'immigration).

Près de la moitié des nouveaux arrivés au Québec doivent donc passer par l'étape de la francisation, ce qui retarde d'autant leur entrée sur le marché du travail. Le défi, ici, est double, car le français est une langue plus difficile à apprendre que l'anglais. On peut arriver assez tôt à se débrouiller en anglais si l'on est immergé dans une ville anglophone. Mais pour maîtriser le français, à plus forte raison le français écrit, il faut beaucoup de temps et d'efforts. Il est bien évident que cela constitue un obstacle capital à l'intégration des immigrés sur le marché du travail.

La concentration des immigrés à Montréal limite également leurs possibilités d'emploi. Par contraste, on trouve beaucoup d'immigrés dans toutes les petites villes d'Ontario, de Colombie-Britannique ou d'Alberta où l'on vit de l'industrie primaire et secondaire. Les immigrés québécois, cantonnés dans la région montréalaise, se voient surtout offrir des emplois dans le tertiaire (les services), pour lesquels il faut nécessairement une connaissance adéquate du français. Et c'est sans compter les tests linguistiques imposés aux professionnels de la santé.

Il va de soi que cela ne concerne pas les immigrants francophones des pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Y aurait-il, dans leur cas, des obstacles spécifiques, reliés à la religion ou à la couleur de la peau? Y aurait-il plus de discrimination envers les immigrés au Québec que dans le reste du Canada? A priori, cela m'étonnerait. La xénophobie est une maladie répandue partout.

Il reste qu'il ne faut pas sous-estimer des facteurs comme le pays d'origine des immigrés. La Colombie-Britannique, par exemple, reçoit beaucoup d'immigrants chinois. Or, on le sait, les Chinois forment en général une main-d'oeuvre exceptionnellement ambitieuse et productive, dont les enfants deviennent rapidement des premiers de classe. Hélas, le Québec compte très peu d'immigrants chinois. De même, il reçoit relativement peu d'immigrants en provenance de l'Inde - autre grand pays émergent où la main-d'oeuvre est instruite; ceux-là, d'ailleurs, sont anglophones et l'on voit mal pourquoi ils choisiraient le Québec plutôt que l'Ontario.

Les immigrés qui seront naturellement attirés par le Québec - et qui, en raison de la langue, bénéficieront au départ d'une évaluation favorable - sont les hispanophones (les «latinos», facilement «francisables», sont nombreux au Québec) et bien sûr les francophones. Or, il y a belle lurette que les Français, les Belges et les Suisses n'émigrent plus. Le bassin d'immigration francophone est maintenant dans l'hémisphère sud, là où abondent les problèmes économiques, avec leurs inévitables conséquences sur l'éducation et l'éthique du travail.

Le Québec a terriblement besoin d'immigrants. Mais pas d'immigrants-chômeurs! C'est là une question que l'on devra examiner en profondeur.

L’immigration et l’intégration au Québec:
Trop peu, bien tard, il faut agir

COMMUNIQUÉ
Table de concertation des organismes au service
des personnes réfugiées et immigrantes


Montréal, le 25 septembre 2007 - La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) présentera son mémoire relatif à la planification des niveaux d’immigration 2008-2010 du Québec, mardi le 25 février à 16h00 à la Commission parlementaire sur la Culture à Québec.

À titre de regroupement national de 130 organismes oeuvrant auprès des personnes réfugiées et immigrantes au Québec, nous comptons exprimer nos préoccupations auprès des membres de la Commission parlementaire face au bilan gouvernemental à l’égard de l’accueil et de l’intégration des immigrants et des réfugiés au Québec. Le Québec n’a pas seulement raté les cibles qu’il s’était fixées en 2004 en terme de nombre mais a également privé de nombreux nouveaux arrivants de soutien en omettant d’investir adéquatement dans des mesures d’intégration, de relations interculturelles, de francisation et d’insertion en emploi. Nous déplorons également le peu d’efforts entrepris pour sensibiliser la société d’accueil qui se questionne de plus en plus sur les bienfaits de l’immigration.

« On ne peut que conclure à l’échec des politiques d’intégration de ce gouvernement lorsqu’on observe un taux de chômage trois fois plus élevé que celui de la population en général », constate la coprésidente de la TCRI Anne Marie Rodrigues. «On espère que cette fois-ci, le Premier ministre écoutera la Commission parlementaire et posera les gestes requis pour redresser la situation ». Rappelons qu’en 2004, suite aux dernières consultations sur l’immigration, le gouvernement Charest amputait les budgets d’intégration du ministère de l’immigration (MICC) de 20 millions $

La TCRI est en faveur d’une croissance progressive des niveaux d’immigration en autant que cette augmentation se fasse de manière équilibrée entre les différentes catégories d’immigration (économique, famille et réfugiés). Il est cependant impératif que tout accroissement des niveaux d’immigration soit accompagné de ressources et de mesures gouvernementales additionnelles afin d’offrir des services adéquats en matière d’accueil et d’intégration pour les nouveaux arrivants. «Nous vivons actuellement une crise sévère dans le réseau des organismes de soutien et d’aide aux nouveaux arrivants en terme de ressources. Les réfugiés et les immigrants ne reçoivent pas toujours les services dont ils auraient besoin», rappelle Anne Marie Rodrigues. «Il serait irresponsable pour le gouvernement du Québec d’augmenter les niveaux si nous ne sommes pas en mesure d’offrir des services d’accueil et d’intégration socio-économiques adéquats.

Les organismes de la TCRI demandent au gouvernement du Québec de mobiliser toutes les forces vives pour faire de l’immigration et de l’intégration un projet de société auquel devraient adhérer autant la société civile que les institutions québécoises.

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Information : Stephan Reichhold 514-791-2455 Lien vers le mémoire déposé par la TCRI : www.tcri.qc.ca

Québec veut réformer la gestion des services aux nouveaux arrivants


Le mercredi 26 sept 2007


Tommy Chouinard
La Presse
Québec

Accusé d'utiliser à d'autres fins les transferts fédéraux sur l'immigration, Québec s'apprête à réformer la gestion des services d'intégration et de francisation destinés aux nouveaux arrivants.

Au lieu de distribuer les fonds d'Ottawa dans plusieurs ministères, le gouvernement Charest envisage de les verser en totalité au ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles.

Celui-ci conclurait des «ententes de service» avec d'autres ministères qui participent à l'intégration et la francisation des immigrants, comme l'Éducation et l'Emploi. Il déterminerait lui-même les fonds qui seraient versés à chacun d'eux en fonction des besoins. Il veillerait également à une meilleure coordination des services aux immigrants.

Selon ce qu'a appris La Presse, le Conseil du Trésor et le ministère de l'Immigration étudient sérieusement ce scénario pour améliorer la gestion des transferts fédéraux et des services d'intégration.

À l'heure actuelle, quatre ministères se partagent les fonds d'Ottawa et offrent des services aux immigrants. Bien que le gouvernement nie détourner des fonds fédéraux, il a du mal à savoir pour l'instant si les transferts sont utilisés à bon escient et si les services donnent les résultats escomptés.

Les transferts fédéraux sur l'immigration sont passés de 106,7 millions en 2000-2001 à 189 millions de dollars cette année. Or, au cours de la même période, le budget du ministère de l'Immigration n'a cru que d'une dizaine de millions de dollars. Pourtant, le nombre d'immigrants admis est passé de 32 500 en 2000 à 44 686 en 2006.

Ce sont d'autres ministères - l'Éducation, l'Emploi et la Santé - qui ont touché la majeure partie de l'augmentation des fonds fédéraux au fil des ans.

L'ADQ et le PQ accusent le gouvernement de manquer de transparence sur l'utilisation des transferts. Ils le soupçonnent d'en détourner une bonne partie, de se servir des fonds d'Ottawa pour financer autre chose que l'intégration et la francisation des immigrants.

La Presse a constaté qu'une dizaine de millions de dollars par année provenant des fonds fédéraux sont versés au ministère de la Santé et servent à d'autres fins que l'intégration des nouveaux arrivants. Dans un rapport distribué aux médias, le Conseil du Trésor reconnaît lui-même que Québec ne peut comptabiliser ces dépenses pour démontrer que les fonds fédéraux sont utilisés à bon escient.

Le Conseil du Trésor et le ministère de l'Immigration passent actuellement les livres au peigne fin. Ils veulent faire la lumière sur l'utilisation des transferts fédéraux et vérifier si ces fonds bénéficient bel et bien aux nouveaux arrivants. Le gouvernement Charest pourrait annoncer sa réforme après avoir dévoilé les résultats de cette vérification.

Le Québec «intègre mal» ses immigrés




Le mercredi 26 sept 2007

Caroline Touzin
La Presse
Saint-Jérôme

Déçus par le Québec, des immigrés musulmans se radicalisent dans les mosquées. Et ce n'est pas seulement de leur faute. «C'est la faute de nos structures d'accueil incapables de répondre aux besoins de ces gens.» Et s'il y a des mariages forcés dans certaines communautés installées au Québec, c'est aussi parce que le Québec «intègre mal» ses immigrés.

C'est ce qu'a déploré une travailleuse sociale, Line Chaloux, responsable d'un organisme d'intégration des nouveaux arrivants dans les Laurentides. Mme Chaloux est l'une des 30 personnes venues présenter un mémoire ou un témoignage, hier, à la Commission sur les accommodements raisonnables à Saint-Jérôme.

Depuis les débuts de l'organisme, le Coffret, il y a 16 ans, Mme Chaloux a connu cinq ou six cas de mariage forcé dans la région. «Ces femmes n'ont pas le choix, elles seront reniées par leur famille si elles refusent», a-t-elle déploré.

Le Québec doit cesser «d'arnaquer» ses immigrants en leur faisant miroiter qu'ils pourront travailler dans leur domaine, a ajouté la femme de 49 ans qui aide quelque 3000 immigrés. Pour elle, les ordres professionnels du Québec sont «paternalistes et protectionnistes» en reconnaissant trop peu de diplômes obtenus à l'étranger. «Ce n'est pas deux ou trois personnes par an. Ce sont des milliers de personnes dont on ne reconnaît pas les papiers. Ensuite, on se surprend qu'ils se révoltent.»

Robert Molenge, ingénieur québécois de 34 ans originaire du Congo (ex-Zaïre), est venu confirmer les propos de Mme Chaloux. «Les immigrants vivent des drames. Mon cousin, ingénieur chef de service dans notre pays, a dû refaire sa scolarité ici. Quatre ans d'université», a-t-il expliqué. Pour lui, il est clair que les «intégristes d'ici vont instrumentaliser les frustrations des hommes et des femmes dont on ne reconnaît pas les compétences».

Les Laurentides manquent de ressources pour accueillir des immigrants, a aussi expliqué Mme Chaloux. La région n'a pas de classe d'accueil pour les enfants des nouveaux arrivants. Le programme gouvernemental qui lui permettait de faire des jumelages entre des familles d'immigrants et des Québécois de souche n'existe plus.

Un organisme des Basses-Laurentides en faveur d'une plus grande immigration dans la région a aussi souligné des embûches. ABL Accès Accueil Action fait visiter la région à des immigrants de Montréal pour les attirer. «On sollicite la collaboration d'entreprises. Celles qui collaborent le plus sont dirigées par des immigrés. La porte n'est pas nécessairement ouverte dans les entreprises de Québécois de souche», a déploré Alain Marginean, d'ABL, qui est aussi l'un des directeurs au cégep Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse.

Une immigrée de la région, Lidia Quintana, a proposé une charte de droits et d'obligations des immigrants, «avant que la problématique des accommodements ne dégénère». «Je dois avouer que je suis vraiment gênée de la façon dont certains immigrants vivent», a raconté la mère de famille. Elle est la soeur de Carmen Quintana, brûlée et battue par des militaires lors d'une manifestation anti-Pinochet au Chili. Carmen, qui avait alors 18 ans, est venue se faire soigner à Québec, accompagnée notamment de Lidia.

Un gestionnaire à la retraite, qui a fait toute sa carrière dans la fonction publique, Gilles Lacoste, a quant à lui proposé de facturer le coût des accommodements au demandeur. «On ne devrait pas être intimidés par ça», a-t-il soutenu.

La Commission se déplace aujourd'hui vers Joliette, dans Lanaudière.

Dialogue interculturel et intergénérationnel
Aborder le malaise identitaire

Karoline TRUCHON





Rassembler des jeunes pour discuter d’un sujet qui semble à priori loin de leurs préoccupations est un défi en soi. Réunir des adultes avec ces mêmes jeunes pour dialoguer ensemble peut s’avérer encore plus difficile. C’est pourtant ce qu’est parvenu à accomplir l’Institut interculturel de Montréal (IIM) avec le projet « Malaise identitaire chez les jeunes des communautés ethnoculturelles de Montréal. Un projet d’action et de développement des ressources communautaires ».

Réalisé sur une période de trois ans (2003 à 2006) , ce projet de recherche-action visait à faire prendre conscience aux jeunes eux-mêmes et aux acteurs sociaux concernés, du malaise identitaire des jeunes des communautés ethnoculturelles, dans le but de contribuer à une meilleure prise en charge des jeunes par eux-mêmes et par les ressources familiales, communautaires et publiques.

« Nos recherches-actions et nos diverses activités nous ont amené à comprendre que l’identité est souvent au cœur des problèmes vécus par les jeunes des communautés ethnoculturelles, mais que cette préoccupation identitaire est rarement nommée, ni par eux, ni par les adultes significatifs de leur entourage », souligne Kalpana Das, directrice générale de l’Institut interculturel de Montréal. « Si le malaise identitaire est certainement un des facteurs de risque de criminalité juvénile, il peut aussi servir d’outil de compréhension des jeunes en difficulté. Ainsi, le malaise identitaire peut agir comme une clé importante dans le processus de relation d’aide et d’intervention auprès des jeunes des communautés ethnoculturelles et c’est ce que nous avons tenté de faire avec ce projet. »

Les activités du projet de recherche action


Lors de la première phase du projet, l’IIM a établi des partenariats avec quatre organismes travaillant avec quatre communautés que le projet souhaitait rejoindre : latino-américaine, haїtienne, asiatique (chinoise) et québécoise de souche francophone. Ce partenariat a généré quatre forums qui ont rassemblé 110 jeunes et 60 parents. Ensemble, ils ont exploré six sous-thèmes, soit l’identité, la marginalité, les rapports avec la famille, les expériences des adultes, les ressources pour faire face et les pistes de prévention.
La deuxième phase du projet a permis d’entreprendre avec des ressources communautaires et publiques des actions de mobilisation et de sensibilisation qui ont débouché sur des pistes de prévention des comportements antisociaux pouvant mener au crime, ainsi que des modalités pratiques de prise en charge de jeunes déjà engagés dans la zone à risque.
Enfin, pour clore le projet, un colloque interculturel a présenté les résultats des forums et les activités d’organismes qui tiennent compte de la question de l’identité dans leur programmation.

L’expérience et la reconnaissance du « malaise identitaire »


Dans les faits, le malaise identitaire se manifeste à l’intersection des identités multiples, du double système de valeurs, des références et des modèles souvent contradictoires et des expériences parfois déchirantes des jeunes, mais aussi des parents et autres adultes de leur entourage. Pour les jeunes, même s’ils ne verbalisent pas le terme « malaise identitaire », ils l’expriment par leurs paroles en spécifiant être partagés entre leur culture d’origine et leur culture d’accueil. Critiquant et louangeant l’une et l’autre, ils arrivent difficilement à concilier les deux cultures de façon positive. Certains affirment ne pas connaître leur place au sein de l’une ou l’autre, car ils sont un peu des deux. C’est à travers divers conflits avec leur famille (mauvaise communication, parents trop autoritaires, valeurs divergentes), leurs pairs (acceptation ou rejet d’un groupe selon des critères ethniques ou vestimentaires) et la société (exclusion, discrimination dans le monde du travail, racisme) que ce malaise s’extériorise. Les propos véhiculés par les jeunes des communautés ethnoculturelles rencontrés s’inscrivent dans un registre d’accusation les sacrant victimes d’un monde injuste. Se révolter devient donc une solution pour se délivrer de cette injustice, en fuguant de la maison, en décrochant de l’école, en adhérant aux gangs de rue qui eux « les comprennent » et leur permettent d’accéder à une certaine richesse par des activités criminelles.

La délicate position parentale


Si les jeunes vivent au quotidien le malaise identitaire sans comprendre ses sources et ses conséquences, les parents vivent aussi leur propre malaise identitaire sans le nommer et comprennent difficilement le vécu de leurs jeunes. Désemparés devant le manque de respect de leurs enfants, manquement qu’ils estiment causé par une société d’accueil trop axée sur la liberté, les droits et l’autonomie, les parents sentent qu’ils doivent lutter sans cesse pour leur transmettre les valeurs de la culture d’origine qu’ils sentent menacée. Voir échouer leurs enfants en qui ils plaçaient leurs espoirs en quittant le pays d’origine devient un drame terrible pour des parents qui vivent aussi un malaise identitaire, car confrontés au choc culturel, au désir de s’intégrer sans perdre leur identité et à l’expérience de la discrimination.

Les pairs-aidants comme piste de solution


« Nous autres jeunes, on va mieux accueillir les conseils de quelqu’un qui est comme nous. Ça passe mieux : en voyant un jeune comme toi qui te raconte par où il est passé, son témoignage peut aider ». - Un des jeunes participants

Pour donner suite à cette recherche-action, l’IIM s’est servi des paroles des jeunes afin de développer un projet de pairs-leaders (*). « Le but du projet est de développer le leadership d’un groupe de jeunes adultes (pairs aidants) des communautés haïtienne et latino-américaine pour qu'ils aident d’autres jeunes à risque, en vue de prévenir la dérive vers les comportements antisociaux pouvant mener à la criminalité (gangs de rue, drogues, etc) », conclut Mme Das. « Nous voulons recruter une équipe de huit jeunes leaders, les former et les outiller sur la prévention de la criminalité remontant au malaise identitaire, afin qu’ils agissent comme pairs-aidants auprès des jeunes à risque et qu’ils animent des ateliers auprès des parents, ainsi qu’auprès des milieux policiers et scolaires. Les pairs sélectionnés pour faire partie de cette équipe seront des jeunes qui ont traversé eux-mêmes certaines difficultés identitaires à l’adolescence et qui ont cheminé depuis. »

(*) Le projet de pairs-leaders est actuellement en cours de financement.


Photos: Conversation détendue et souriante entre ces jeunes étudiants de 15 et 16 ans, camarades depuis la classe de maternelle: Sarah Yahyaoui née au Québec d'une mère Québécoise et d'un père Marocain, Noëlle Jean-Vanasse née en Haïti et Alexis Plourde, Québécois de souche plus ancienne.


Cet article est paru dans l'édition Printemps 2007 du Jumelé.

Karoline Truchon



Karoline Truchon est doctorante en anthropologie à l'Université Laval. Ses intérêts de recherche s'articulent autour des questions de cohabitation culturelle, de citoyenneté et de reconnaissance.

Contribution au Jumelé:



Dialogue interculturel et intergénérationnel
Aborder le malaise identitaire>>> LIRE

Monique Tremblay


Psychologue, Monique Tremblay pratique en formation et en consultation avec la TCRI, des CLSC, des Départements de Santé publique, à Montréal et en régions.

Contributions au Jumelé:


Entre les racines et les rêves
Les temps longs de l'adaptation>>> LIRE



lundi 17 septembre 2007

Entre les racines et les rêves
Les temps longs de l'adaptation

Monique TREMBLAY

Il y a 15 ans, ma voisine pakistanaise quittait son village pour rejoindre son mari à Montréal. Il l'avait précédée de quatre ans pour s'y établir et travailler. Dès l'arrivée de sa femme, il a décidé qu'ils s'installeraient dans un quartier francophone, pour échapper à la surveillance des rumeurs de village, bien présentes dans les quartiers d'immigration récente. Ma voisine apprécia cette décision, en raison de la liberté de mouvement et de circulation qu'elle lui permettait dans la ville. Devenue veuve depuis - d'un mari qu'elle a beaucoup aimé - et mère de quatre fils, elle a choisi de demeurer à Montréal et d'y finir ses jours.

La vie de ce couple fut jalonnée d'une suite d'adaptations entre leurs racines et leurs rêves. Certaines d'entre elles ont retenu mon attention.
Monsieur a adopté les vêtements d'ici alors que madame conservait ses vêtements traditionnels.

Voulant que leurs fils soient des Québécois, ils se sont liés d'amitié avec des familles de leur voisinage, québécoises de toutes origines et parlant français.

Monsieur cuisinait pour la famille des plats appris au travail - spaghetti, déjeuners granola, pizza halal - madame préparait des plats appris dans sa jeunesse. Musulmans, croyants du coeur plus que de la forme, ils fréquentaient des musulmans dans les fêtes comme dans les occasions d'entraide du quotidien. A l'âge de 18 ans, leur fils aîné a épousé au Pakistan une jeune fille choisie par son père. Les deux jeunes se sont fréquentés quelques temps avant le retour du jeune homme au Québec. Pendant la longue procédure du parrainage, ma voisine s'informait des CEGEPS où la jeune femme pourrait poursuivre ses études en français, apprendre "un bon travail" pour bien gagner sa vie. Elle a rêvé pour sa bru d'une vie qu'elle imaginait, empreinte de fidélité à la tradition et ouverte sur une réussite moderne qui rejaillirait sur toute sa famille et sur elle, la belle-mère. Elle s'est préparée avec enthousiasme à la guider dans son acclimatation au Québec.

Après le décès de son mari, l'adaptation de ma voisine s'est accélérée. Femme d'une grande ouverture aux autres et d'une incroyable sociabilité, elle a demandé et obtenu la collaboration de ses voisins. Elle a pu aussi compter sur la bonne volonté du personnel des institutions publiques et privées. Ainsi, l'agent de la Sécurité du Revenu a accepté qu'une voisine l'accompagne dans ses démarches téléphoniques et en personne. Elle a pris le temps nécessaire pour comprendre au fur et à mesure ses droits et ses devoirs. Les professeurs de ses fils, touchés par les efforts qu’elle déployait pour s'exprimer en français et la reconnaissant comme une mère engagée dans la réussite de ses garçons, prenaient à leur tour le temps de lui expliquer l'aide dont ceux-ci avaient besoin. Une voisine professeure donnait un coup de main selon les circonstances.

Le changement le plus radical auquel elle eut à faire face, fut la nécessité d'assumer le rôle de cheffe de famille.

Elle a revêtu une position d'autorité, qu'elle exerçait déjà sous la responsabilité de son mari et que ses fils ont reconnue, en raison du respect que leur père lui manifestait de son vivant. Plus difficile encore, elle a pris en charge les liens de la famille avec le monde extérieur, le monde public. De toutes les adaptations, c'était pour elle la plus exigeante, la plus complexe et surtout la plus éloignée de son rôle traditionnel. Pour l'aider à accomplir ce changement qui lui apparaissait comme une montagne infranchissable et lui occasionnait parfois d'innombrables maux de tête, je lui racontais l'histoire des femmes de ma parenté qui avaient affronté des défis semblables.
Avec toutes ses énergies, son courage, sa détermination, pour ses fils, pour sa bru et pour elle, elle a appris. Sa fierté actuelle est à la mesure de ce qu'elle a accompli. Ses efforts on porté fruit.

Témoin et actrice aux côtés de ma voisine de certaines de ses démarches, j'ai constaté que nos relations avec les institutions publiques et l'entreprise privée sont compliquées et parfois décourageantes. Leur succès dépend de notre patience, de notre détermination et surtout de notre capacité à en comprendre les règles, le fonctionnement et à nous en faire comprendre. Une bonne maîtrise de la langue parlée est ici une nécessité absolue.

L'histoire de ma voisine illustre quelques aspects d'un processus continu d'adaptation à la vie d'ici. Là où le support du voisinage et l'ouverture des institutions manquent, et ils manquent souvent, les groupes communautaires au service des immigrants et des réfugiés jouent un rôle indispensable de médiation et de mise en relations pour que l'adaptation soit possible.



Selon un proverbe africain il faut un village pour éduquer un enfant. Je dirai qu'il faut une communauté et des institutions qui y mettent du temps pour rendre possible l'intégration d'une famille de nouveaux arrivants. Il faut aussi le temps long de deux générations pour nous adapter les uns aux autres avec un certain bonheur. Alors prenons notre temps et acceptons de nous découvrir mutuellement petit à petit comme il sied aux relations que nous voulons riches et fécondes. Prenons le temps d'être civils, c'est-à-dire de construire une cité commune dans le respect les uns des autres. Ce respect de tous les êtres humains que nos Chartres promeuvent et défendent, ce respect dont nous avons tous besoin pour nous faire confiance, donner le meilleur de nous et continuer à construire un Québec où il fait bon vivre.

Cet article est paru dans l'édition Printemps 2007 du Jumelé

jeudi 6 septembre 2007

Nouveaux arrivants et employeurs
La formule de réseautage Contact Emploi

Isabelle GAVARD











À chaque printemps depuis cinq ans, le comité employabilité du COSSL (Comité des Organismes Sociaux de St-Laurent) et la Chambre de Commerce et d’Industrie de St-Laurent organisent l’activité Contact Emploi.
Il s’agit d’un projet partenarial visant à sensibiliser les employeurs du territoire aux compétences de la main d’œuvre immigrante.

Les objectifs : favoriser le réseautage entre chercheurs d’emploi immigrants et employeurs, faciliter le recrutement, contrer les préjugés et les obstacles à l’emploi de la clientèle immigrante.



Inspiré d’une idée originale de Contact ProMontréal, les partenaires du Contact Emploi de St-Laurent ont développé une activité d’entrevues rapides de 5 minutes, au cours desquelles chaque candidat rencontre les représentants des ressources humaines des entreprises intéressées par leur profil.

Avant l’activité elle-même, une quarantaine de femmes et d’hommes également représentés, suivent des ateliers préparatoires, une séance d’information sur le réseautage et une répétition générale. Ces chercheurs d’emploi sont généralement au Québec depuis trois à six mois. Ils ont déjà suivi un cheminement avec leur conseiller en emploi et sont prêts à intégrer le marché du travail dans leur domaine d’activité. Habituellement, les branches professionnelles rejointes par un tel programme sont le secrétariat, la comptabilité et les services financiers, le génie industriel, électronique et électrique, civil et chimique.

Le résultat de cette activité que l’on pourrait qualifier de brise-glace et qui permet aux chercheurs d’emploi d’avoir un premier contact avec un employeur d’ici, est probant. En effet,

les chercheurs d’emploi participants ont vu leur taux d’intégration en emploi passer de 30% la première année à 60% en 2006.


Que cette intégration soit due à un recrutement direct suite aux entrevues ou à une amélioration de leurs démarches personnelles, le fait est que cette rencontre permet de passer une barrière culturelle et d’appréhender une démarche proactive par le candidat.

De façon quasi unanime, les entreprises participantes, près d’une vingtaine au total, apprécient l’efficacité de cette activité. Elles sont agréablement surprises du haut niveau d’études des candidats et de la qualité de leurs compétences. Tous les employeurs ont déclaré vouloir renouveler l’expérience ou inciter leurs connaissances à le faire.



Portée par la rançon du succès, l’activité s’est développée dans d’autres organismes un peu partout sur l’Île de Montréal.
La prochaine activité Contact Emploi de Saint-Laurent aura lieu le 24 avril.

Pour en savoir plus :

Chambre de Commerce et d’Industrie de St-Laurent
Contact ProMontréal

Cet article est paru dans l'édition printemps 2007 du Jumelé.

Photo:
L’équipe Contact Emploi Saint-Laurent :
Marisa De Castro Coordonnatrice à l’intervention au Carrefour jeunesse emploi Saint-Laurent ; Éliane Gabbay Conseillère en développement des partenariats à Immigration Québec Nord de Montréal; Isabelle Gavard Conseillère en emploi au CARI St-Laurent; Sylvie Parser Conseillère aux employeurs du Centre local d’emploi Saint-Laurent ; Robert Petit Directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Laurent; Jamal Eddine Tadlaoui Chargé de projet de l’activité.

Anouk Lanouette-Turgeon


Voyageuse en dehors des sentiers battus, Anouk Lanouette-Turgeon est également traductrice et étudiante au certificat en immigration et relations interethniques.

Collaborations au Jumelé



Mamies immigrantes "hyperactives"
Une mamie immigrante s'attaque à l'isolement de ses consoeurs du troisième âge>>>  LIRE

Immigrer: en pleurer ou... en rire
Le monde selon Lynne Cooper>>>>  LIRE

mardi 4 septembre 2007

Aide aux devoirs et alphabétisation
Ressources pour outiller les parents

Laura KNEALE



Comme rapporté par plusieurs articles cet automne, le décrochage scolaire et les difficultés des parents face à l'aide aux devoirs ne sont pas irréels dans la société québécoise d'aujourd'hui. Il semblerait que deux parents sur trois au Canada ont de la difficulté à aider leurs enfants dans leurs travaux scolaires. En matière de décrochage, on ne peut se cacher que le chiffre est à la hausse. Selon le Carrefour de lutte au décrochage scolaire, près de 4000 jeunes Montréalais mettent fin à leurs études chaque année. Cela préoccupe non seulement les parents, mais aussi les dirigeants d'entreprises qui font face à une pénurie d'employés suffisamment qualifiés.

Il est donc peu dire que notre société doit se questionner sur le pourquoi de ces situations alarmantes, tout en trouvant les moyens susceptibles de remédier à ces situations. Il existe en effet un certain nombre de ressources qui peuvent être très précieuses pour prévenir ou lutter contre ce genre de problèmes.

Avec l'avènement des nouvelles technologies, les sites Internet comme AllôProf.com ou Jeréussis.com sont des plus utiles pour obtenir une aide ponctuelle, accessible et surtout gratuite.
Toutefois, il ne faut pas oublier que pour les familles monoparentales ou encore celles où il y a plusieurs enfants, comme c'est le cas de nombreux ménages immigrants, les possibilités d'avoir accès à un ordinateur ou à Internet sont plus faibles que pour la moyenne de la population.

Heureusement, il existe aussi des ressources qui visent plus spécifiquement les publics défavorisés et donc plus à risque d'avoir des difficultés à aider leurs enfants. Sachant que pas moins d'un million de Québécois ont des difficultés en lecture et en écriture, des initiatives comme celles du Collège Frontière sont destinées à contrer ce fléau.

Les parents sont souvent présents aux séances d’aide aux devoirs, pour que, petit à petit, ils soient en mesure d’aider seuls leurs enfants.


À l'aide de ses 5000 bénévoles à travers le Canada et en collaboration avec plus de 280 partenaires communautaires, l’établissement offre des programmes variant des cercles de lecture pour les plus petits aux sessions de tutorat individuel ou de groupe pour les adultes, en passant par l'aide aux devoirs.

Si les bénévoles de Collège Frontière ne sont pas des professeurs diplômés, la philosophie de l’organisme, l’ACPA (Apprentissage centrée sur la personne apprenante) permet d’aider à instaurer des capacités et des environnements se prêtant plus adéquatement à la lecture et l’écriture.

Dans ce sens par exemple, aux Habitations Jeanne-Mance à Montréal, une résidence qui abrite surtout des nouveaux arrivants de l’Inde, du Bangladesh et d’autres pays asiatiques, les parents sont souvent présents aux séances d’aide aux devoirs, pour que, petit à petit, ils soient en mesure d’aider seuls leurs enfants.

Des services d’aide sont également offerts au SIARI (Service d’Interprète et d’Aide Référence aux Immigrants) dans le quartier Côte-des-Neiges. Les cercles de lecture, une activité pour initier les jeunes enfants de 2 à 4 ans à la lecture et au français, se font avec la participation des mères qui renforcent la confiance et l’intérêt des enfants à participer aux activités. Ainsi, de telles activités permettent d’offrir une aide ponctuelle, tout en permettant d’outiller les parents pour l’avenir.

Sachant que les parents jouent un rôle fondamental dans l’éducation de leurs enfants, connaître les ressources et pouvoir les utiliser à bon escient n’est pas aussi facile. Un enfant qui n’est pas exposé à la lecture à la maison avant d’aller à l’école aura un développement bien plus lent en matière d’alphabétisation. De la même façon, un parent qui a appris à lire jeune, mais qui ne lit plus assez verra ses capacités de lecture et d’écriture s’éroder.

Pour plus d’informations sur Collège Frontière ou pour s’y engager, contacter le (514) 528-1001.

Cet article est paru dans l'édition Hiver 2007 du Jumelé.

Laura Kneale



Bachelière en Études internationales et actuellement étudiante à la maîtrise en communication, Laura Kneale a vécu une dizaine d'années en Espagne, en Équateur et aux États-Unis.

Contributions au Jumelé



À l'horizon des mondes
Contrer l'exclusion de femmes devenues mères>>>  LIRE

Aide aux devoirs et alphabétisation
Ressources pour outiller les parents>>>  LIRE